• In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 2

    Avant toute chose, il faut savoir que j’ai été un élève appliqué en question de catéchisme, dans le sens que je t’ai évoqué plus haut, à savoir que j’ai été un bon petit mouton de Panurge : j’ai suivi toutes les retraites, pour être avec mes copains, parce que ça se faisait et j’ai pu ainsi recevoir chacun des sacrements : le baptême, la première communion, la confirmation… allant à la messe, forcément, j’ai participé à l’eucharistie et à la réconciliation. En bref, béni jusqu’à la moelle, ce qui ne me dérangeait absolument pas et même à l’heure actuelle, pourquoi en avoir honte ?

    In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 2Ma crise d’adolescent m’a valu de voyager… de lycée en lycée et donc, d’aumônerie en aumônerie. Je prenais tout de même soin de ne révéler à personne mes recherches, sur la voyance, le spiritisme, l’au-delà, ou pire… la magie noire ! Mais ma place n’était pas ici, dans ma ville natale, je n’y trouverais pas, à ce moment-là, ce qu’il me fallait pour progresser. Inconsciemment, je me suis mis dans une situation qui poussa mes parents à me proposer de faire un choix : soit partir dans une école militaire, espérant ainsi que leur rebelle de fils soit maté, soit dans une école privée, où l’uniforme est de rigueur. C’est ainsi, que je me retrouvais à quelques heures d’avion de chez moi, dans une école en Suisse. Mes parents étaient là, naturellement. À l’aéroport, nous avons pris un taxi pour aller à ma future école. Petit à petit, les maisons de la ville se faisaient de plus en plus rares, la verdure reprenait ses droits. Au bout d’une bonne demi-heure, nous nous retrouvions sur une route sinueuse de basse montagne. Le taxi s’enfonçait dans une forêt de conifères plutôt dense, seuls quelques rayons de soleil perçaient à travers les branchages. Même si nous étions en voiture je pouvais ressentir la fraîcheur s’installer. In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 2Tout à coup, les bordures de sapins avaient laissé leur place à des rambardes en pierre. La vue était dégagée, le soleil éblouissant. Une longue courbe nous menait droit à une immense porte en bois, de plusieurs mètres de haut. Mon cœur battait très fort, j’étais inquiet, stressé. Tout à fait le genre de vieux château que tu peux imaginer, au sommet d’un pic rocheux, entouré par cette forêt sombre d’épineux. En contrebas tu peux apercevoir un lac, sur lequel flottent des barques et des pédalos qu’empruntent les élèves. Plus simplement, tu vois Poudlard dans Harry Potter ?  PA-REIL !!!! Franchement hallucinant. Les lourdes portes en bois de l’entrée s’ouvraient, lentement. J’imaginais des petites créatures magiques, tirant d’énormes chaines, actionnant le système d’ouverture des portes. Mais rien de tout cela, simplement un mécanisme électrique… Le taxi s’arrêtait devant le grand escalier qui menait au porche. Je me sens quelque peu intimidé, quelques élèves passaient à ce moment là. Les filles étaient vêtues d’un chemisier blanc, d’une petite jupe noire plissée et de chaussures vernies. Quant aux garçons, dans la plus pure tradition vestimentaire anglaise. Pas de piercing, pas de couleurs dans les cheveux, personne ne fumant sa clope dans un coin. En bref, j’étais plutôt mal parti avec mon arcade et ma langue qui arboraient fièrement leurs bijoux et mes pointes de cheveux rouges.

    « Allez, ça ne doit être qu’un coup à prendre », du moins, c’est ce que j’espérais. Mon père était devant, suivi de prêt par ma mère. Je dois avouer que je trainais un peu la patte, n’étant plus aussi convaincu par mon choix. Mon père poussa la porte et nous avancions dans l’immense hall d’entrée. Sur la droite, une porte était grande ouverte, on y entendait une femme au téléphone, la secrétaire semblait-t-il.

    « Je vous envoie le document dans la journée, sans faute. Oui… Oui… Je vous remercie, bonne journée à vous aussi ».

    Mon père s’approcha de la porte¤ toc toc ¤

    « Bonjour madame, Monsieur et Madame de Reptuh. Nous avons rendez-vous avec Monsieur Lamandier. Notre fils Marius, que voici, vous rejoint dès aujourd’hui »

    « Bonjour Monsieur et Madame de Reptuh, en effet, nous vous attendions. Je préviens M. Lamandier immédiatement de votre arrivée. Si vous voulez bien vous assoir dans le coin salon du hall. M. Lamandier sera là d’ici peu. »

    « Très bien, bonne journée à vous madame »

    « Je vous en remercie, qu’il vous en soit de même Messieurs Dame »


    In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 2Juste en face du bureau de la secrétaire, quelques fauteuils cossus, en velours noir étaient disposés autour d’une table en métal brossé et au plateau de verre. Sur la droite du bureau en sortant et à gauche de cette salle d’attente de standing, un immense escalier de pierres grises et blanches. Comment ne pas le remarquer, il devait faire au moins trois mètres de large et remontait autour d’une vaste cage d’escalier, sur deux ou trois étages. Il était parcouru par un tapis rouge et or, quelque peu usé par endroits, ondulant le long des larges marches tel un vieux dragon issu de légendes chinoises. Les murs, en pierre eux aussi, étaient décorés de quelques tableaux venant d’une autre époque. J’essayais tant bien que mal de me détendre, en pratiquant la respiration abdominale, mais rien n’à faire. Mes mains étaient moites, j’avais chaud, mes jambes battaient un rythme infernal. C’est alors que j’entendis le bruit d’une porte s’ouvrir et se refermer dans un léger claquement. Des pas se rapprochaient, le son était de plus en plus fort. Il arrive, il descend l’escalier…

     

    « Monsieur et Madame de Reptuh, bonjour. Je suis monsieur Lamandier, le directeur de l’école Saint Martin. Bonjour Marius, comment allez-vous ? »

     « Euh... Bonjour monsieur... euh... je...oui, je… vais bien » J’étais de moins en moins à l’aise, face à un ce géant qui mesurait près de deux mètres et qui devait peser son double quintal sans soucis, à la voix roque et sinistre !

    « Si vous voulez bien me suivre, nous irons dans mon bureau qui est à l’étage pour voir les dernières formalités et faire le point avec votre fils quant au fonctionnement de l’école »

     

    In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 2En montant l’escalier, je laissais traîner ma main droite sur le mur de pierre, sa fraîcheur me soulageait tellement, j’avais l’impression d’être au contact d’une pierre tombale, elle aurait pu à elle seule me relaxer, si nous n’étions pas déjà arrivés au premier étage, pénétrant dans le somptueux bureau du directeur, digne d’un bureau présidentiel.

    M. Lamandier nous invita à prendre place, face à son bureau. Il passa derrière, s’assit dans son fauteuil, dos à un tableau représentant le château il y a quelques siècles de ça. Mes parents et lui discutèrent un long moment. Ponctuellement, j’étais interpellé sur mes agissements passés, mes notes qui dégringolaient. Je ne faisais qu’hocher la tête en signe d’acquiescement. Voici un bref topo de ce à quoi j’ai eu droit.

     

    ¤ La Charte de l’école St Martin –¤

     

    Tout élève se doit de Respecter un code d’honneur du comportement qui permet d’affirmer et de développer un esprit d’école ;

    Tout élève doit Développer les qualités humaines et intellectuelles ;

    Tout élève doit Appliquer une discipline pertinente et des efforts rigoureux ;

    L’Ecole St Martin est là pour Stimuler le goût de l’effort individuel, collectif et de la performance ;

    L’Ecole St Martin est là pour Accompagner les élèves avec un suivi personnalisé et individuel ;

    L’Ecole St Martin est là pour Assurer un enseignement performant.

     

    ¤ Les Codes de l’Ecole St Martin ¤ –

     

    Une tenue exemplaire est exigée, celle-ci doit être composée de… Pour les filles : chemisier blanc, jupe de cinq centimètres au-dessus ou en-dessous du genou, petit soulier à talon d’une hauteur maximum de deux centimètres. Le port du pantalon est interdit sauf en hiver. Pour les garçons : chemise claire, unie ou à petit carreau vichy, pantalon à pince beige, marron ou noir, accompagnée de In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 2la cravate de l’école. Et bien sur, les chaussures de types mocassins. Sont proscrits tous les bijoux ostentatoires (boucles d’oreille longues, bague excédent la taille d’une chevalière…), les boucles d’oreilles pour les garçons sont interdites, ainsi que les piercings pour qui que ce soit. Sont également interdites toutes couleurs de cheveux non naturelles.

    Un comportement digne de soi est recommandé : interdiction de fumer, vouvoiement obligatoire, interdiction d’avoir un téléphone portable, ne pas parler en classe, éviter tout rapprochement incorrect entre jeunes gens……

     La liste était interminable. Et encore, je ne te parle même pas des heures d’études obligatoires tous les soirs jusqu’à 21h30. En bref, tu bosses, tu bosses, tu bosses et voilà tout. Je dois avouer qu’il y avait quelques avantages quand même. Par exemple, de nombreux après-midi étaient consacrés aux activités sportives, telles que le golf, l’équitation, le foot, la voile… Un petit aveu à te faire… Je prétextais aller faire un footing autour du lac pour me fumer une cigarette, en douce. Et puis, il n’y avait pas que ça, nous avions aussi des soirées cinéma. Nous pouvions louer des films et les visionner sur un des trois écrans géant mis à notre disposition.

    Forcément, tu te doutes que tu ne trouves pas dans cette école les enfants du boulanger ou du facteur. Beaucoup venaient de l’étranger, Europe de l’Est, Asie, Etats-Unis, Afrique… Souvent, des enfants d’industriels ou d’ambassadeurs.