• In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 5

    Quoiqu’il en soit, près de deux années passèrent, dans un cadre fantastique, autant par l’environnement architectural que par les amitiés qui se sont In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 5créées, surtout avec la belle Audrey, la discrète et douce Céline et mon ami de cœur, Olivier. Néanmoins, quelques mois avant la fin de l’année, une scission eu lieu au sein de notre cercle, qui comptait alors une petite quinzaine de membres. Je devais repartir en France, quelques jours, pour retrouver ma famille. Avant mon départ, nous nous étions tous retrouvés pour faire le point et pour s’entendre sur le fait que l’on attendrait que tout le monde soit revenu à l’école pour approfondir le « mal-être » du groupe.

    Je n’étais parti que pendant deux semaines, et à mon retour… les Enfants de l’Ombre étaient devenus les Enfants du Chaos, du moins, pour parti et d’après ce que m’avait raconté Olivier dès mon arrivée. Lui n’était parti qu’une semaine, et c’est à peu prêt à ce moment là que tout aurait dégénéré.

    Céline, Elena et trois autres filles  du groupe avaient réussi à entrer en contact avec un esprit tourmenté, assassiné dans le château de l’école au XVIème siècle. Pour tout te dire, dans un tel lieu, il était difficile ne pas tomber sur quelques esprits agacés, tourmentés ou dans ce style. Mais là, le morceau était bien plus important que d’habitude… Junod, né en 1421 dans un petit village de Neuchâtel, était devenu un riche commerçant de la région. Il devait se marier à Teresa Ciceri, riche héritière et aristocrate italienne. Un prétendant de Teresa, Giovanni Litta, officier de l’armée italienne, ne supportant pas de voir sa bien-aimée partir en Suisse avec un autre, décida d’aller assassiner son concurrent. Il profita d’une soirée costumée, organisée par le propriétaire du château de St Martin en l’honneur de la future belle famille italienne, pour mettre en œuvre son plan. C’était le 26 Juin 1442, Junod venait d’avoir vingt et un ans. Il riait, profitait de la vie, il aimait sa promise Teresa comme jamais, et de toute évidence, c’était réciproque. Giovanni n’eut  guère de difficultés en  profitant de la foule masquée pour se dissimuler et frapper, sans crier gare, au moment où sa victime s’était isolée un instant, déambulant dans les longs couloirs mal éclairés du château. Il le poignarda de plusieurs coups de couteau. Affaiblit, Junod ne pu rien faire. Giovanni le traîna dans une petite pièce. Pour éviter que sa victime n’appelle à l’aide, il lui trancha la gorge et le laissa là, se vidant de son sang.  Giovanni ne fut jamais arrêté, et le crime impuni. Cela faisait donc plus de cinq cents ans que Junod attendait un moyen de se venger. Mais le drame, c’était que sa colère contre son assassin s’était transformée en une haine contre tout homme convoitant une femme. Les siècles l’avait fait devenir machiavélique, manipulateur et il n’hésitait pas à user de viles ruses pour manipuler de frêles adolescentes en manque de reconnaissance et d’amour.


    « Olivier, va retrouver Audrey et prévenez celles et ceux qui ne sont pas passés dans l’autre Cercle et retrouvons nous à la pause du déjeuné près des trois pins. En attendant, je vais tâcher de discuter avec Céline. »

    « Fais attention, elle n’est plus du tout la même »

    Je lui faisais un signe de tête et me mettais en quête de ces nouveaux Enfants du Chaos, comme les avait surnommé Olivier. En passant dans les coins où nous avions l’habitude de traîner à nos débuts, je ne tardais pas à tomber nez à nez avec Céline et Elena.

    « Salut les filles. Alors c’est quoi cette histoire ? Je pars quelques jours en vacances et quand je reviens c’est la guerre ? »

    J’avais beau rigoler et leur faire un clin d’œil, elles ne sourcillaient pas d’un cil. Elles s’avançaient vers moi. L’une et l’autre m’effleuraient, presque à me bousculer.

    « Bon ça suffit, c’est quoi ces conneries ? »

    In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 5Elles s’arrêtaient tout net à mes mots. Elena se retournait avec un regard noir et empli de colère

    « Toi, ne te mêle pas de nos affaires, ou tu le paieras cher »

    « Pardon ? Mais faut que vous arrêtiez les filles, vous êtes en plein délire ! »

    Alors qu’elles repartaient, j’attrapais le bras de Céline, mais Elena me frappa d’un coup derrière la tête avec un bâton. Je ne tenais plus debout, je tombais à genoux par terre.

    « Mais… mais qu’est-ce qu’il se passe …? »

    Elles ne semblaient plus avoir de limites. Comment pouvait-elle oser frapper si violemment quelqu’un ? Me frapper ? J’admettais que nous n’étions pas les meilleurs amis du monde, mais quand même. Et Céline, qui ne s’était même pas retournée.

    Je restais quelques instants, appuyé contre un arbre, reprenant mes esprits et essayant de comprendre ce qui avait pu se passer. Elles n’auraient jamais pu faire ça volontairement, de plein grès, mais en même temps, l’idée de la possession me paraissait parfaitement ri-di-cule. Je n’étais pas un adepte de cette « excuse ». Il devait y avoir une autre raison. Leur attitude était vraiment plus qu’inquiétante. Il faut à tout prix agir, elles pourraient se montrer dangereuses.

    A la pause du déjeuné, je retrouvais Olivier et Audrey. Tous les autres avaient décidé de quitter le Cercle, prétextant que ça devenait n’importe quoi et qu’ils n’étaient pas là pour jouer à des jeux de rôles. Je leur expliquais ce qui s’était passé lorsque j’avais essayé de retenir Elena et Céline. Audrey et Olivier n’en croyaient pas leurs oreilles. Il n’y avait pas trente six solutions. Nous mettions alors au point un stratagème pour réussir à stopper tout ça. Audrey se proposa de se servir de ses compétences en pratiques vaudou, mais je lui disais qu’avant d’en arriver là, nous allions commencer par essayer de découvrir ce qui s’était passé. Mais valait mieux être prudent. Du coup, nous avons réalisé des talismans de protection, chacun le sien, avec sa propre méthode. Voilà l’occasion d’utiliser ce Sceau de Salomon. Olivier avait un cousin qui vivait non loin d’un temple bouddhiste. Il l’appelait pour lui demander de lui récupérer des pilules de purification. Ce sont des sortes de petits sachets contenant différentes plantes médicinales et qui ensuite, étaient chargées d’énergie spirituelle par des moines bouddhistes. En attendant, nous nous tenions à bonne distance des autres et les observions. Une semaine plus tard, Olivier recevait la pilule de purification.

    « Il est temps d’agir. Audrey, il faudrait que tu plonges en état second Olivier pour qu’il essaie de voir s’il y a vraiment de la possession spirite là-dessous »


    Audrey, en plus d’être initiée par sa tante au vaudou, avait appris à hypnotiser et canaliser l’hypnose vers une transe qui permet à la personne choisie d’accéder à un plan de In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 5conscience où l’on peut déceler les traces d’actes astraux, tel que des envoûtements ou les possessions. Ce soir là, c’était l’anniversaire d’un des responsable de l’école, aucun surveillant ne prêtait attention aux élèves. Nous en avons profité pour nous échapper et nous retrouver à la bibliothèque, où il n’y avait personne à cette heure tardive. Chacun mettait à son cou le talisman de protection que nous avions fabriqué quelques semaines plus tôt. Pendant que je faisais le guet pour m’assurer que personne ne vienne nous déranger, Olivier s’installait confortablement dans un fauteuil en cuir, Audrey, en face de lui, avait allumé une bougie et un peu d’encens. Elle était prête à commencer. À plusieurs reprises par le passé, elle avait déjà hypnotisé Olivier, lors de nos exercices de groupe. Nous savions qu’il était le plus à même d’être projeté dans l’astral par cette technique.

    « Olivier, si tu es prêt, nous allons pouvoir commencer »

    « Vas-y Audrey, je suis prêt… »

    La technique d’hypnose d’Audrey était une combinaison d’acuponcture, de mouvements oculaires et de pure hypnose. Elle commençait par tapoter certains points du visage et des mains d’Olivier. Puis elle lui demandait de suivre son doigt. Par ces premières phases, Audrey venait de relaxer Olivier au point où sa conscience se trouvait au point de rupture. En quelques secondes, elle le fit basculer en état de transe hypnotique. C’était impressionnant avec quelle aisance elle arrivait à faire ça. Il est certain que ses pratiques vaudou et d’hypnose étaient vraiment au point. Ça se voyait que sa tante lui avait transmis tout son savoir et qu’elle le maîtrisait, sur le bout des doigts !

    « Marius, il est prêt. Je n’ai plus qu’à le faire basculer dans l’astral »

    « Ok Audrey, tu sais ce qu’il y a faire »

    Olivier se retrouvait projeté hors de son corps, sur le plan astral. Notre monde est composé de plusieurs plans, schématiquement, au-delà du plan physique, il y a le plan astral qui s’y superpose. Et comme je te l’ai dit un peu plus tôt, c’est sur ce plan d’existence que l’on peut voir certaines entités, les traces d’actes magiques etc. Audrey guidait Olivier qui lui disait tout ce qu’il voyait. En premier lieu, il avait été assailli par le poltergeist des lieux. Ce sont les charges émotionnelles qui se sont imprégnées dans les murs et objets. Le meurtre de Junod en fut l’un des plus marquants et vécu par Olivier. C’est ainsi que nous avions appris toute l’histoire, d’amour, d’homicide. Audrey en avait vite fait le rapprochement avec le comportement étrange des filles, et je dois dire, que je penchais aussi vers cette hypothèse.

    « Olivier, projette ta vision sur Céline et Elena… Que vois-tu ? »

    « Elena porte un pendentif… maléfique. Un cercle de vapeur sombre lui entoure le cou et descend jusque sur le cœur… il est voilé...In Nomine Patris et Fili et Spiritus Sancti - Partie 5

    Céline… Céline n’est plus libre… ses pieds, ses mains et sa tête sont enveloppés dans une brume noire, épaisse. Je ne peux pas voir au travers… il y a quelque chose d’autre sur elle… ces cinq tâches noires sont reliées à une sixième masse, bien plus dense et sombre, en plein milieu de son dos… quelque chose… quelque chose s’en dégage… ça arrive sur moi… »

    Très rapidement, Audrey fit revenir Olivier dans un état de conscience complet. C’était comme s’il tombait, comme s’il retombait dans son corps physique. Il était éprouvé, ses traits étaient marqués.

    De toute évidence, les pratiques satanistes d’Elena lui ont permis d’accéder à certains artéfacts magiques dont elle tire un pouvoir. Ce collier doit être une relique de mage noire. C’est alors qu’Audrey compris.

    « Attend, Elena m’avait confiée quelque chose… ça expliquerait tout. »

    « Quoi, qu’est-ce qu’Elena t’avait racontée ? »

    « Il faut savoir que beaucoup de membres de sa famille son versés dans les arts occultes, chacun une spécialité bien définie. »

    « Et ce n’est que maintenant que tu nous dis ça ? »

    « Excuse moi, mais nous venons tous plus ou moins de familles comme ça, tu ne me diras pas le contraire ! Donc, il faut rajouter qu’il y a une sorte de tradition assez particulière chez elle. Chaque premier né est confié à une famille d’accueil, dès sa naissance. Et pas n’importe qu’elle famille. La même depuis des générations. Elle permettrait à l’enfant de découvrir ses talents occultes et, sans jugement, elle l’aide à développer ses compétences dans son domaine. Si Elena pratique la magie noire, ce n’est pas pour rien. Elle a été élevée pour devenir une prêtresse de Lilith ! »

    Mon Dieu… Elena était donc derrière tout ça. Elle devait certainement se servir des énergies négatives du poltergeist et de l’esprit de Junod pour amplifier les pouvoir du pendentif et ainsi, manipuler Céline et les autres filles. Olivier n’était pas encore remis de sa projection.

    « Olivier, reste là. Avec Audrey on va se chargé d’Elena »

    « Audrey, il faut juste que j’aille chercher quelque chose dans ma chambre, retrouve moi devant le salon des terminales dans dix minutes »

    « Ça marche. Je vais chercher un peu de matos aussi, ça pourrait s’avérer utile »